
SCÈNE XVII
LE CAVALIER: MIRANDOLINA: un papier à la main.
MIRANDOLINA: tristement. — Seigneur.
LE CAVALIER: — Qu'y-a-t-il, Mirandolina ?
MIRANDOLINA: se tenant à distance. — Pardonnez.
LE CAVALIER: — Approchez.
MIRANDOLINA: tristement. — Vous avez demandé votre compte. Je vous ai obéi.
LE CAVALIER: — Donnez.
MIRANDOLINA: — Le voici. (Elle s'essuie les yeux avec son tablier en lui présentant le compte.)
LE CAVALIER: — Qu'avez-vous ? Vous pleurez ? -
MIRANDOLINA: -- Rien, seigneur. Il m'est entré de la fumée dans les yeux.
LE CAVALIER: — De la fumée dans les yeux ? Voyons... A combien s'élève le compte ? (Il lit.) Vingt paoli ? En quatre jours, un traitement si généreux ! Vingt paoli ?
MIRANDOLINA: — C'est votre compte.
LE CAVALIER: — Et les deux plats à part que vous m'avez donnés ce matin, ils ne sont pas sur le compte!
MIRANDOLINA: — Pardonnez-moi. Ce que je donne, je ne le mets pas sur le compte.
LE CAVALIER: — Vous m'en avez fait don ?
MIRANDOLINA: Excusez la liberté. Acceptez cela comme un acte de... (Elle se couvre le visage en feignant de pleurer.)
LE CAVALIER: — Mais qu'avez-vous ?
MIRANDOLINA: — Je ne sais si c'est la fumée, ou quelque fluxion des yeux.
LE CAVALIER: — Je serais désolé que vous vous soyez fait mal, en préparant pour moi ces deux plats exquis.
MIRANDOLINA: — Si c'était pour cela, je le souffrirais... volontiers... (Elle fait mine de se retenir de pleurer.)
LE CAVALIER: à part. — Diable! Si je ne m'en vais pas !... (Haut.) Tenez voici deux doublons. Acceptez-les pour l'amour de moi... et prenez pitié de moi....
(Il s'embrouille. Mirandolina, sans parler, tombe comme évanouie sur une chaise.)
LE CAVALIER: — Mirandolina ! Hélas ! Mirandolina! _____Elle s'est évanouie. Elle était amoureuse de moi ! Si vite! Et pourquoi pas? Ne suis je pas amoureux d'elle? Chère Mirandolina !... Moi! Appeler chère une femme? Mais elle s'est évanouie pour moi. Oh ! comme tu es belle! Si j'avais quelque chose pour la faire revenir à elle! Moi qui ne fréquente pas les femmes, je n'a;d'essences, pas de flacons. Eh ! là-bas ! N'y a-t-il 38 sonne ? Vite !,.. Je vais y aller. Pauvre femme ! Soisbénie .! (Il sort, pour rentrer un instant après.)
MIRANDOLINA: — Maintenant le voilà pris, tout à fait pris. Nombreuses sont nos armes, pour venir à bout des hommes. Mais quand ils sont obstinés, le moyen infaillible est un évanouissement. Ah ! le voici qui re-vient... (Elle se remet dans la même position.)
LE CAVALIER: rentrant avec un vase plein d'eau. —Me voici ! me voici ! Elle n'est pas encore revenue à elle. Oh! certainement cette femme m'aime. En lui aspergeant d'eau le visage, elle devrait reprendre connaissance. (Il l'asperge, elle commence à remuer.) Courage ! courage ! Je suis là, chère petite. Je ne partirai plus, maintenant...
SCÈNE XVIII
LES MÈRES, LE SERVITEUR, avec l'épée ei le clic 38 du cavalier.
LE SERVITEUR: au cavalier. -- Voici l'épée et le chapeau.
LE CAVALIER: RU serviteur. -- Va-t'en !
LE SERVITEUR: — Les bagages...
LE CAVALIER: — Va-t'en à tous les diables !
LE SERVITEUR: — Mirandolina...
LE CAVALIER: — Va, ou je te fends la tête ! (Il le menace de son vase. Le serviteur sort.) Elle ne revient --pas encore. Son front est en sueur. Allons, chère MIRANDOLINA, reprenez vos forces, ouvrez les yeux. Parlez-moi franchement !
SCÈNE XIX
LES MÊMES, LE MARQUIS: LE COMTE:
LE MARQUIS: — Cavalier !...
LE COMTE: — Ami !„.
LE CAVALIER: à part. — Maudits soient !...
LE MARQUIS: — Mirandolina !... (Il prend un air désespéré.)
MIRANDOLINA: — Ali (Elle se lève.)
LE MARQUIS: — Je l'ai fait revenir à elle.
LE COMTE: — Je suis bien aise, seigneur cavalier...
LE MARQUIS: — Ce brave seigneur qui ne peut souffrir les femmes !...
LE CAVALIER: — Quelle impertinence !
LE COMTE: — Vous êtes tombé ?
LE CAVALIER: — Allez au diable, tous tant que vous êtes ! jette le vase par terre, dans lis direction du comte et du marquis. Le vasese brise. Le cavalier sort furieux.)
LE COMTE: — Le cavalier est devenu fou. (Il sort.)
LE MARQUIS: — Je veux satisfaction de cet affront ! (Il sort.)
MIRANDOLINA: seul. — Voilà l'affaire faite. Son coeur est en feu, en flammes, en cendres. Il me reste maintenant, pour compléter ma victoire, à rendre mon triomphe public, à la honte des hommes présomptueux et à la gloire de notre sexe. (Elle sort.)FABRIZIO est moins enchanté que MIRANDOLINA des conséquences de ce manège, et lui fait doucement quelques reproches. Le CAVALIER envoie son serviteur prendre des non- velles de MIRASDOLINA, et lui fait remettre un flacon à odeurseu or, que celle-ci refuse d'accepter. L'hôtelière est dans sa chambre, occupée à repasser du linge, quand se présente le CAVALIER.
ACTE III
SCÈNE IV
LE CAVALIER, MIRANDOLINA
LE CAVALIER: dans le fond, à part. — La voilà! Je ne voulais pas venir, et le diable m'y a entraîné.
MIRANDOLINA: le regardant du .coin de l'oeil, 40 repassant. — Ah ! le voilà !
LE CAVALIER: — Mirandolina!.
MIRANDOLINA: — Oh ! seigneur cavalier, votre très humble servante !
LE CAVALIER: — Comment allez-vous ?
MIRANDOLINA: repassant sans le regarder. — Très bien, pour vous servir.
LE CAVALIER: — J'ai une raison de me plaindre devous.
MIRANDOLINA: le regardant un peu. — En quoi, seigneur ?
LE CAVALIER: — Parce que vous avez refusé un petit flacon que je vous ai envoyé.
MIRANDOLINA: — Que vouliez-vous que j'en fisse ?
LE CAVALIER: — Vous en servir en cas de besoin.
MIRANDOLINA: repassant. — Grâce au ciel, je ne suis pas sujette aux évanouissements. Ce qui in" arrivé aujourd'hui ne m'était jamais arrivé. 40
LE CAVALIER: —Chère Mirandolina... Je ne voudrais pas avoir été cause de ce funeste accident.
MIRANDOLINA: repassant. — Je crains bien pourtant que ce soit vous précisément qui en ayez été cause.
LE CAVALIER: avec passion. — Moi ? En vérité !
MIRANDOLINA: repassant avec rage. —Vous m'avez fait boire ce maudit vin de Bourgogne, et il m'a fait mal.
LE CAVALIER: mortifié. — Comment ! Est-ce possible?
MIRANDOLINA: repassant. — Sans nul doute. Je n'irai jamais plus dans votre chambre.
LE CAVALIER: amoureusement. — Je vous entends. Vous ne viendrez plus dans ma chambre. Je comprends le mystère. Oui, je le comprends. Mais, venez-y tout de même, ma chérie, vous ne le regretterez pas.
MIRANDOLINA: si Fabrizio. — Ce fer n'est plus chaud. (Appelant à haute voix.) Eh ! Fabrizio. Si l'autre fer est chaud, apportez-le.
LE CAVALIER: -- Faites-moi cette grâce, acceptez ce flacon.
MIRANDOLINA: avec mépris, tout en repassant. —En vérité, seigneur cavalier, des cadeaux, je n'en accepte pas.
LE CAVALIER: — Vous avez cependant accepté ceux du comte d'Albafiorita.
MIRANDOLINA: repassant. — Par force, pour ne pas le blesser.
LE CAVALIER: — Et vous voudriez me faire cet affront, et me blesser, moi !
MIRANDOLINA: — Que vous importe, à vous, qu'une femme vous blesse ? Les femmes, vous ne pouvez déjà point les supporter.
LE CAVALIER: — Ah ! Mirandolina, à présent je ne puis plus parler ainsi.
MIRANDOLINA: — Seigneur cavalier, à quelle heure commence la nouvelle lune?
LE CAVALIER: — Mon changement n'a ri.. 42 lunatique. C'est un prodige de votre beauté, de votre grâce.
MIRANDOLINA: riant aux éclats et repassant. — Ah! ah! ah !
LE CAVALIER: — Vous riez ?
MIRANDOLINA: — Vous ne voulez pas que je rie ? Il se moque de moi et ne veut pas que je rie !
LE CAVALIER: — Petite rusée !... je me moque de vous ! Allons, prenez ce flacon.
MIRANDOLINA: repassant. — Merci, merci.
LE CAVALIER: — Prenez-le, ou vous me ferez mettre en colère.
MIRANDOLINA: affectant d'appeler tris fort. —Fabrizio, le fer !
LE CAVALIER: troublé. — Le prenez-vous, ou ne le prenez-vous pas ?
MIRANDOLINA: — Au galop! au galop ! (Elle pre 42 flacon et le jette avec mépris dans le panier au linge.
LE CAVALIER: — Vous le jetez ?
MIRANDOLINA: appelant de nouveau très fort. —Fabrizio !
Fabrizio apporte le fer à repasser. Son air navré attendrit MIRANDOLINA, qui le réconforte par d'affectueuses paroles. Le CAVALIER en eprouve du dépit.
SCÈNE VI
LE CAVALIER, MIRANDOLINA:
LE CAVALIER: — Que de gentillesses, signora, pour votre valet de chambre I
MIRANDOLINA: — Et par ces mots que voudriez-vous dire ?
LE CAVALIER: - On voit que vous êtes éprise de lui.
MIRANDOLINA: repassant. — Moi, éprise d'un valet de chambre I Vous me faites un beau compliment, seigneur. Je n'ai point si mauvais goût. Si je voulais aimer, je ne gâcherais point mon temps d'aussi piètre façon.
LE CAVALIER: — Vous mériteriez l'amour d'un roi.
MIRANDOLINA: repassant. — Du roi de pique, ou du roi de carreau ?
LE CAVALIER: — Parlons sérieusement, Mirandolina, et laissons là les plaisanteries.
MIRANDOLINA: repassant. — Parlez donc ! Je vous écoute.
LE CAVALIER: — Vousne pourriez pas arrêter un peu de repasser ?
MIRANDOLINA: — Excusez-moi. J'ai hâte d'avoir apprêté tout ce linge pour demain.
LE CAVALIER: — Vous prenez donc plus de souci de ce linge que de moi ?
MIRANDOLINA: repassant. — Assurément.
LE CAVALIER: — Et encore vous l'affirmez bien haut !
MIRANDOLINA: repassant. — Certes, ce linge, j'ai à m'en servir, tandis que de vous, je ne puis tirer aucune utilité.
LE CAVALIER: — Pourtant vous pouvez disposer de moi à votre volonté,
MIRANDOLINA: —De vous ! Vous ne pouvez supporter une femme.
LE CAVALIER: — Ne me tourmentez plus ! Vous êtes suffisamment vengée. Je vous estime, j'estime les femmes de votre espèce, si toutefois il en existe. Je vous estime, je vous aime, et je vous demande pitié.
MIRANDOLINA: — Bien, seigneur I Nous en ferons part à l'intéressée. (En repassant très vite, elle fait tomber un de ses manchons.)
LE CAVALIER: ramassant le manchon et le lui remettant. — Croyez-mol...
MIRANDOLINA: Ne prenez pas cette peine.
LE CAVALIER: — Vous méritez d'être servie.
MIRANDOLINA: riant aux éclats. — Ah ! ah ! ah !
LE CAVALIER: -- Vous riez ?
MIRANDOLINA: — Je ris parce que vous vous moquez de moi.
LE CAVALIER: — Mirandolina, je n'en puis plus.
MIRANDOLINA: — Vous vous sentez mal ?
LE CAVALIER: — Oui, je me sens défaillir.
MIRANDOLINA: — Prenez votre eau de mélisse. (Elle lut jette avec mépris le flacon.)
LE CAVALIER: — Ne me traitez pas avec tant de dureté. Croyez-moi, je vous aime, je vous le jure. (Il veut lui prendre la main et elle le brûle avec son fer.) Aïe !
MIRANDOLINA: — Pardon ! je ne l'ai pas fait exprès.
LE CAVALIER: — Bah ! ce n'est rien. Vous in'ave7 fait une brûlure autrement forte.
MIRANDOLINA: - Où, seigneur ?
LE CAVALIER: - Au coeur.
MIRANDOLINA: riant et appelant. — Fabrizio !
LE CAVALIER: — De grâce, n'appelez pas cet homme!
MIRANDOLINA: --- Mais, si j'ai besoin d'un autre fer ?
LE CAVALIER: — Attendez... (A part.) Mais non... (Haut.) J'appellerai mon serviteur.
MIRANDOLINA: appelant. — Eh ! Fabrizio!
LE CAVALIER: — Je le jure au ciel, s'il vient je lui fends la tête.
MIRANDOLINA: — En voilà du joli !Je ne pourrai plus me servir de mon monde?
LE CAVALIER: — Appelez-en un autre. Celui-là, je ne puis le voir.
MIRANDOLINA: — Il me semble que vous vous avan-cez un peu trop, seiguettr cavalier. (Elle s'écarte de la table avec son fer dans la main.)
LE CAVALIER: — Ayez pitié de moi... Je suis hors de MOi.
MIRANDOLINA: — J'irai à la cuisine, et vous serez content.
LE CAVALIER: — Non, ma chérie, demeurez.
MIRANDOLINA: allant et venant. — Voilà une chose curieuse.
LE CAVALIER: le suivant.• Ayez pitié de Moi.
MIRANDOLINA: de même. — Je ne puis aller où je veux?
LE CAVALIER: de même. -- Je le confesse. Je suis jaloux de lui.
MIRANDOLINA: de même et à part, — Il tne suit comme un toutou.
LE CAVALIER: — Pour la première fois je comprends ce que c'est que l'amour.
MIRANDOLINA: continuant son manège. — Personne ne m'a jamais commandé !
LE CAVALIER: la suivant toujours.Je n'entends pas vous commander, je vous prie.
MIRANDOLINA: se retournant d'un air hautain. Que voulez-vous de moi ?
LE CAVALIER: — Amour, compassion, pitié.
MIRANDOLINA: — Un homme, qui ce matin ne pouvait supporter une femme, implore maintenant amour et pitié ! Je ne me soucie pas de lui. Cela ne se peut. Je ne le crois point. (A part.) Crève! éclate ! apprends à mépriser les femmes ! (Elle sort.)
第十七场
骑士,米兰多琳娜(手持一张纸)
米兰多琳娜:(悲伤地)老爷。
骑士:怎么了,米兰多琳娜?
米兰多琳娜:(保持距离)请您原谅。
骑士:走近些。
米兰多琳娜:(悲伤地)您要结账。我照办了。
骑士:拿来。
米兰多琳娜:给您。(递上账单,同时用围裙擦眼睛)
骑士:您怎么了?您在哭?
米兰多琳娜:没什么,老爷。是烟熏了眼睛。
骑士:烟熏了眼睛?让我看看……账单是多少?(读)二十保罗?四天,这么慷慨的招待!才二十保罗?
米兰多琳娜:这是您的账。
骑士:那今天早上您另外给我的两道菜呢,没算在账上!
米兰多琳娜:请原谅。我送的东西,不上账。
骑士:您是送给我的?
米兰多琳娜:请原谅我的冒昧。请当作是……(捂脸假哭)
骑士:您到底怎么了?
米兰多琳娜:我不知道是烟熏的,还是眼睛发了炎。
骑士:如果您是为我准备那两道美味而伤了眼睛,我会非常过意不去。
米兰多琳娜:若是为此,我甘愿承受……(强忍哭泣状)
骑士:(旁白)见鬼!我要是不走……(高声)喏,这是两枚金币。看在我的份上收下吧……可怜可怜我吧……(语无伦次。米兰多琳娜一言不发,像晕倒似的跌坐在椅子上)
骑士:米兰多琳娜!哎呀!米兰多琳娜!她晕过去了。她爱上我了!这么快!为什么不可能?我不是也爱上她了吗?亲爱的米兰多琳娜!……我!竟称一个女人"亲爱的"?但她是为我晕倒的。哦!你真美!要是有能让她苏醒的东西就好了!我从不接近女人,没有香精,没有嗅瓶。喂!那边有人吗?快!……我去去就回。可怜的女人!愿上帝保佑你!(下,片刻后即回)
米兰多琳娜:(独白)现在他上钩了,彻底上钩了。我们对付男人的武器很多。但当他们顽固不化时,晕倒这招万试万灵。啊,他回来了……(恢复原姿势)
第十八场
人物同前场,仆人持骑士的剑和帽子上
仆人:(对骑士)您的剑和帽子。
骑士:(对仆人)滚开!
仆人:行李……
骑士:滚到地狱里去!
仆人:米兰多琳娜……
骑士:滚,不然我劈开你的脑袋!(举杯威胁。仆人下)她还没醒。额头在出汗。来吧,亲爱的米兰多琳娜,振作起来,睁开眼睛。坦率地跟我说句话!
第十九场
人物同前场,侯爵与伯爵上
侯爵:骑士!……
伯爵:朋友!……
骑士:(旁白)该死!……
侯爵:米兰多琳娜!……(作绝望状)
米兰多琳娜:啊!(起身)
侯爵:是我把她救醒的。
伯爵:我很高兴,骑士先生……
侯爵:这位受不了女人的好汉!……
骑士:太无礼了!
伯爵:您栽了?
骑士:你们都给我见鬼去吧!(将水杯朝伯爵和侯爵方向摔在地上。杯子粉碎。骑士狂怒而下)
伯爵:骑士疯了。(下)
侯爵:这番侮辱我一定要讨回公道!(下)
米兰多琳娜:(独白)大功告成。他的心在燃烧,在冒火,已成灰烬。现在,为了完成我的胜利,我要让我的凯旋公之于众,让那些傲慢的男人蒙羞,为我们女性争光。(下)
(叙述)法布里齐奥对这场把戏的后果可不像米兰多琳娜那么高兴,温和地责备了她几句。骑士派仆人去问候米兰多琳娜,并送去一个金嗅瓶,但她拒绝接受。老板娘正在自己房里熨衣服时,骑士出现了。
第三幕
第四场
骑士,米兰多琳娜
骑士:(在后方,旁白)她在那儿!我本不想来,是魔鬼把我拖来的。
米兰多琳娜:(用眼角瞥他,继续熨衣)啊!他来了!
骑士:米兰多琳娜!
米兰多琳娜:哦!骑士老爷,您最卑微的仆人!
骑士:您身体怎么样?
米兰多琳娜:(熨衣,不看他)很好,愿为您效劳。
骑士:我有理由抱怨您。
米兰多琳娜:(稍看他一眼)为什么,老爷?
骑士:因为您拒绝了我送给您的小嗅瓶。
米兰多琳娜:您要我拿它做什么用呢?
骑士:以备您需要时用。
米兰多琳娜:(熨衣)感谢上帝,我不常晕倒。今天发生的事从未有过。
骑士:亲爱的米兰多琳娜……我不希望我是那不幸事件的起因。
米兰多琳娜:(熨衣)但我很担心,起因恰恰就是您。
骑士:(动情地)我?真的吗!
米兰多琳娜:(用力熨衣)您让我喝了那该死的勃艮第酒,它让我不舒服。
骑士:(受挫地)什么!这怎么可能?
米兰多琳娜:(熨衣)毫无疑问。我再也不去您房间了。
骑士:(爱恋地)我懂您的意思。您不再来我房间了。我明白其中的奥秘。是的,我明白。但是,亲爱的,您还是来吧,您不会后悔的。
米兰多琳娜:(旁白,想法布里齐奥)这熨斗不热了。(高声喊)喂!法布里齐奥。如果另一个熨斗热了,就拿过来。
骑士:请赏个脸,收下这个嗅瓶吧。
米兰多琳娜:(轻蔑地,边熨衣)说真的,骑士老爷,礼物我是不收的。
骑士:可您收了阿尔巴菲奥里塔伯爵的礼物。
米兰多琳娜:(熨衣)是迫不得已,为了不伤他面子。
骑士:那您却想这样侮辱我,伤我的心!
米兰多琳娜:一个女人伤了您的心,对您又算得了什么?您本来就受不了女人。
骑士:啊!米兰多琳娜,现在我再也不能这么说了。
米兰多琳娜:骑士老爷,新月是什么时候开始的?
骑士:我的转变与月亮无关。这是您的美貌和魅力的奇迹。
米兰多琳娜:(大笑,熨衣)啊!啊!啊!
骑士:您笑什么?
米兰多琳娜:您不想让我笑吗?您在取笑我,却不想让我笑!
骑士:小滑头!……我取笑您!来,收下这个嗅瓶。
米兰多琳娜:(熨衣)谢谢,谢谢。
骑士:收下它,不然我要生气了。
米兰多琳娜:(故意大声喊)法布里齐奥,熨斗!
骑士:(慌乱地)您到底收不收?
米兰多琳娜:快!快!(她拿起嗅瓶,轻蔑地扔进装衣服的篮子里)
骑士:您把它扔了?
米兰多琳娜:(再次大声喊)法布里齐奥!
(法布里齐奥送来熨斗。他沮丧的神情打动了米兰多琳娜,她用亲切的话语安慰他。骑士见状心生懊恼。)
第六场
骑士,米兰多琳娜
骑士:老板娘,您对您的仆人可真亲切啊!
米兰多琳娜:您这话是什么意思?
骑士:看得出您爱上他了。
米兰多琳娜:(熨衣)我,爱上一个仆人!您可真会恭维我,老爷。我的品味还没那么差。如果我想爱人,绝不会把时间浪费在这种小角色身上。
骑士:您值得一位国王的爱。
米兰多琳娜:(熨衣)黑桃国王,还是方块国王?
骑士:我们认真谈谈,米兰多琳娜,别开玩笑了。
米兰多琳娜:(熨衣)那您说呀!我听着呢。
骑士:您能不能停一会儿别熨了?
米兰多琳娜:请原谅。我急着明天要把这些衣物都熨好。
骑士:难道这些衣物比我还让您操心?
米兰多琳娜:(熨衣)当然。
骑士:您还说得这么理直气壮!
米兰多琳娜:(熨衣)当然,这些衣物我得用,而您呢,我对您毫无用处。
骑士:但您可以随意支配我呀。
米兰多琳娜:支配您?您可受不了女人。
骑士:别再折磨我了!您已经报复得够可以了。我敬重您,敬重您这样的女人——如果世上还有的话。我敬重您,我爱您,我乞求您的怜悯。
米兰多琳娜:好的,老爷!我们会把这话转告给有关人士的。(快速熨衣时,掉了一只袖套)
骑士:(捡起袖套还给她)请相信我……
米兰多琳娜:不麻烦您了。
骑士:您值得被人伺候。
米兰多琳娜:(大笑)啊!啊!啊!
骑士:您笑什么?
米兰多琳娜:我笑是因为您在取笑我。
骑士:米兰多琳娜,我受不了了。
米兰多琳娜:您不舒服?
骑士:是的,我觉得快晕倒了。
米兰多琳娜:用您的香蜂草水吧。(轻蔑地把嗅瓶扔给他)
骑士:别对我这么狠心。相信我,我爱您,我发誓。(想去拉她的手,她用熨斗烫了他一下)哎哟!
米兰多琳娜:对不起!我不是故意的。
骑士:哼!没事。您给我的另一处烫伤更厉害。
米兰多琳娜:在哪儿,老爷?
骑士:在心里。
米兰多琳娜:(笑着喊)法布里齐奥!
骑士:求您了,别叫那个人!
米兰多琳娜:可是,如果我需要另一个熨斗呢?
骑士:等等……(旁白)不行……(高声)我叫我的仆人来。
米兰多琳娜:(喊)喂!法布里齐奥!
骑士:我向天发誓,他要是来了,我就劈开他的脑袋。
米兰多琳娜:这倒好!我连使唤自己人都不行了?
骑士:叫别人来。那个人,我见不得。
米兰多琳娜:我觉得您有点过分了,骑士老爷。(手持熨斗从桌边走开)
骑士:可怜可怜我吧……我身不由己了。
米兰多琳娜:我去厨房,您就满意了。
骑士:不,我的宝贝,别走。
米兰多琳娜:(走来走去)真是怪事。
骑士:(跟着她)可怜可怜我吧。
米兰多琳娜:(同样走动)我想去哪儿都不行吗?
骑士:(同样跟着)我承认。我嫉妒他。
米兰多琳娜:(同样走动,旁白)他像小狗一样跟着我。
骑士:有生以来我第一次懂得了什么是爱情。
米兰多琳娜:(继续她的把戏)从来没人命令过我!
骑士:(一直跟着)我不是命令您,我是请求您。
米兰多琳娜:(傲慢地转身)您到底想从我这儿得到什么?
骑士:爱情,同情,怜悯。
米兰多琳娜:一个今天早上还受不了女人的男人,现在却在乞求爱情和怜悯!我才不在乎他呢。这不可能。我根本不信。(旁白)气死你!爆炸吧!让你学会蔑视女人!(下)